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22 juillet 2011 5 22 /07 /juillet /2011 16:36

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(It’s a Wonderful Life)

Réalisé par Franck Capra, 1946

Avec  James Stewart, Donna Reed

 

Synopsis :

  Le décès de son père oblige un homme à reprendre l'entreprise familiale de prêts à la construction, qui permet aux plus déshérités de se loger. Il entre en conflit avec l'homme le plus riche de la ville, qui tente de ruiner ses efforts. Au moment où il approche de la victoire, il égare les 8 000 dollars qu'il devait déposer en banque. Le soir de Noël, désespéré, il songe au suicide. C'est alors que le Ciel dépêche à ses côtés un ange de seconde classe, qui pour gagner ses ailes devra l'aider à sortir de cette mauvaise passe...

 

 

Produit à la sortie de la guerre afin de redonner espoir au peuple Américain, ‘‘La vie est belle’’ fait parti de ces films fonctionnant toujours avec autant de force aujourd’hui, que nous avons eu la chance de pouvoir découvrir sur grand écran.

Classé 11ème des meilleurs films américains à la création du classement de l’American Film Institute en 1998, l’histoire est celle de George Bailey, interprété par James Stewart, qu’un ange va secourir au moment où il perdait espoir ; les trois quarts du film sont donc un long flashback de la vie de George qui va nous montrer comment il en est arrivé là.

Nous retrouvons bien sûr toute la structure du conte de noël, à commencer par la situation initiale dramatique, en effet son frère manque de se noyer ; son père est à la botte du méchant capitaliste ; et son employeur le maltraite…

Vient alors l’élément perturbateur à la suite d’une magnifique scène romantico-comique unissant plusieurs types d’humour comme celui de situation, de mots mais aussi de geste, où James Stewart montre un véritable talent comique où il ajoute à ses excellents dialogues des postures subtiles sans jamais en faire trop ce qui rend sa performance tout au long du film plus qu’appréciable.

Cet élément perturbateur donc, où l’on apprend l’attaque de son père, illustre bien la maitrise du réalisateur pour passer d’un genre à l’autre, jouant avec les sentiments du spectateur, qui passent du rire à l’inquiétude en seulement 2 plans grâce à l’arrivée brutale de la voiture coupant le monologue de James Stewart et au démarrage d’une musique inquiétante.

Ce changement de registre brusque va se retrouver à plusieurs reprises dans le film avec toujours autant d’efficacité, comme la séquence où George se retrouve chez Mary ce qui donne lieu à une nouvelle scène comique, avant de passer au romantisme étouffant en un seul plan long d’une minute cinquante où leurs visages cadrés en plan très rapproché nous permettent de ressentir au plus près l’émotion et presque l’asphyxie des deux personnages.

Le changement du type d’humour est également plaisant, puisqu’il permet d’éviter la monotonie et se renouvelle bien tout au long du film, avec des dialogues très incisifs mais aussi des gags visuels empruntant directement au burlesque.

Mais bien que le ton du film soit au final assez souvent léger, le personnage de James Stewart est avant tout un personnage tragique, en effet, son but est exposé dès le début du film lors d’un dialogue avec son père, où il explique qu’il ne veut pas étouffer dans un bureau sans air à faire des calculs et des maisons bon marché, et qu’il compte « construire », voyager et faire de grandes choses, qu’il a « économisé sous par sous pour mener la vie que je désire », ce à quoi son père rétorque « J’ai toujours cru qu’avec des petits moyens nous pouvions faire des choses importantes » ; les bases du scénario sont donc plantées, ce sera l’histoire du sacrifice de sa vie rêvée au profit de l’amélioration de celle des autres, suivant les traces de son père qu’il critique au début du film pour finalement poursuivre son œuvre, et accomplir de grands actes au sein même de sa petite ville (qui constitua quand même 16 000 mètres carrés de décor!).

George est intelligent ; plus intelligent que les autres, et c’est ce qui le force à rester puisqu’il sait bien que si il s’en va personne ne se dressera contre Potter ; mais plus qu’un personnage malin, c’est avant tout un rêveur, et c’est ce qui le différencie des autres, comme on peut le voir lorsqu’il propose à son amie d’aller marcher pieds nus dans l’herbe et de passer la nuit dehors se baigner sous une cascade, sous les rires des passants.

Mais ce n’est pas non plus un être parfait, puisque Capra le montre aussi sous un jour plus ‘‘humain’’, où après une énième mésaventure, il va enfin craquer et exprimer sa colère sur ses enfants et sur l’institutrice dans une séquence absolument dramatique qui fait parfaitement ressentir au spectateur le malaise présent et l’énervement monter, dû à ces enfants extrêmement collants qui viennent s’interposer pour la première fois entre le couple qui nous avions l’habitude de voir seul depuis le début du film, le paroxysme étant ces notes de piano approximatives, jouées en boucle par sa fille, qui permettent de mettre le spectateur dans un état proche de celui du personnage, ce qui permet donc de comprendre sa colère et de lui pardonner cet acte indigne d’un héros.

Les scénaristes usent donc de moyens très intelligent pour parvenir à leurs fins, faisant également allusion au crack boursier de 1929 et à la guerre, rendant le spectateur complice et lui permettant de s’identifier encore plus au film grâce à ces effets de réels puisque pour redonner espoir au public, rien de mieux que de faire surmonter à son personnage les difficultés auxquelles le spectateur lui-même a été confronté.

D’autres symboles sont également présents comme le mythe de Faust lorsque George Bailey cède avant de se ressaisir et de refuser le pacte de Potter, même si d’autres sont un peu gros, le corbeau dans la banque, signe bien sûr de mauvais présage, et l’écureuil de l’épargne qui apparaît alors qu’ils viennent de perdre tout leur argent.

L’argent et les banques semblent être la cible des critiques mais c’est surtout la manière dont on l’utilise plus que l’argent en lui-même, on ne peut pas croire en effet qu’un film pro-américain soit en même temps anticapitaliste, malgré l’accusation du FBI d’ ’’infiltration communiste’’, en effet même si le méchant Potter, qui prône les valeurs du travail et qu’on ne voit jamais rien faire si ce n’est soutirer l’argent aux habitants, même en temps de guerre où il envoi tout le monde au combat alors que lui reste ; le happy end et le bonheur final viennent tout de même parce que l’on amène de l’argent.

Les valeurs américaines et chrétiennes sont donc omniprésentes, l’importance des liens familiaux et leçons de solidarité accentuées par la venue de l’ange sous la figure originale d’un vieil homme à l’allure débonnaire, un peu naïf mais prêt à mordre des policiers pour défendre son protégé.

La première scène où nous pouvons voir l’ange et  George dans le même plan nous les montre séparés à chaque fois par le fil à linge, l’ange au dessus, pouvant montrer symboliquement qu’ils n’appartiennent pas au même monde.

 


Nous assistons ensuite à une reprise du conte de Scrooge inversé puisque George regarde ce que sa ville serait devenue si il n’existait pas, une ville tombée sous la coupe de Potter remplie de Night-Club et de bars surpeuplés de gens stressés et de fumée, un vrai Las Vegas où toutes ses connaissances ont une vie misérable, sans doute le passage qui illustre le mieux le manichéisme du film, puisqu’on nous dit en effet que si il n’avait pas vécu tout le monde serait malheureux.

On serait même tenté parfois de qualifier ce film de miévreux avec son happy end parfaitement utopique qui pourrait facilement paraître aujourd’hui totalement ridicule à l’image des téléfilms passés par M6 à la période de Noël, mais le fait est que même cette scène-là fonctionne encore parfaitement, et là est la marque du chef d’œuvre, puisqu’un film qui n’a pas vieilli, et qui parvient encore à nous transporter dans son univers 60 ans après est forcément un grand film, et même si certains raccords viendront quand même sauter au yeux des spectateurs d’aujourd’hui, quelques fautes de continuité et une règle des 30 degrés parfois approximative, nous saurons les pardonner, à l’image des nombreux cinéastes qui s’inspirèrent ou rendirent hommage à ce film à travers leurs œuvres, de Gremlins jusqu’à Luc Besson pour son ‘‘Angel-A’’ (sans citer Roberto Benigni qui choisi le titre de son film en rapport à une phrase de Trotski).

L’écran s’éteint, et on ne peut s’empêcher de se murmurer à soi-même..« La Vie est Belle », et même si cet effet ne dure pas bien longtemps, l’important est qu’il ai eu lieu.

 

 

« La Vie est belle n’était fait ni pour les critiques blasés, ni pour les intellectuels fatigués. C’était mon type de film pour les gens que j’aime. Un film pour ceux qui se sentent la, abattus et découragés. Un film pour les alcooliques, les drogués et les prostituées, pour ceux qui sont derrière les murs d’une prison ou des rideaux de fer.

Un film pour leur dire qu’aucun homme n’est un raté ».

Franck Capra.

 

 

Quentin Letellier

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commentaires

L
<br /> Bravo pour tout votre travail. Nous devenons plus riches en vous côtoyant!<br /> <br /> <br />
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C
<br /> <br /> merci<br /> <br /> <br /> <br />